Vente de catalogues musicaux


Vente de catalogues musicaux

Les annonces se succèdent : Shakira, Bob Dylan, Bruce Springsteen, Paul Simon, Neil Young, Justin Timberlake et plus récemment Justin Bieber.

Tous ces grands noms de la musique ont annoncé, depuis le début de la pandémie, avoir vendu une partie importante, sinon la totalité, de leur catalogue musical à des intérêts privés pour des sommes faramineuses.

À titre d’exemple, Springsteen a vendu son répertoire pour la somme de 500 millions de dollars US ! 

Qu’est-ce qui suscite ce phénomène ?

 

La faute de la pandémie

Entre mars 2020 et l’automne 2021, les revenus des artistes musicaux ont particulièrement été affectés. Les concerts, source cruciale de leurs recettes, ne pouvaient avoir lieu.

Pendant ce temps, bien que les écoutes en continu sur des plateformes comme Spotify augmentaient, les redevances versées par ces grandes entreprises numériques elles stagnaient.

Voyant leurs revenus diminuer, certains artistes ont opté pour la vente de leur catalogue.

 

Pourquoi acheter un catalogue musical ?

Les artistes célèbres n’ont pas eu à chercher des acheteurs longtemps : de grands fonds d’investissement voyaient déjà un potentiel important dans leurs catalogues.

Avec ces achats stratégiques, les entreprises comme Shamrock Holdings et le groupe Hipgnosis obtiennent non seulement toutes les futures redevances associées aux pièces incluses dans les transactions, elles pourront également revaloriser les œuvres des artistes concernés.

De vieux succès leur assurent un revenu stable et pérenne. Et s’ils ont la chance de voir un classique redevenir populaire — comme la chanson Dreams de Fleetwood Mac qui s’est hissée dans le top 10 du Billboard au début de l’année 2021 — ils toucheront encore plus d’argent que prévu.

 

Qu’est-ce que l’artiste y gagne ?

Vendre un catalogue musical rempli de classiques de son vivant assure une grande somme d’argent directement versée dans les coffres de l’artiste.

Cette opération permet aussi de limiter les disputes successorales liées au droit d’auteur. Il est plus facile pour un artiste de séparer un montant X entre ses héritières et héritiers que des sommes aussi volatiles et imprévisibles que celles liées au droit d’auteur.

Vendre son catalogue peut sembler la seule avenue intéressante pour des artistes privés de se produire en concerts, surtout lorsqu’elles et ils avancent en âge.

Pour David Crosby – chanteur-compositeur vedette des Byrds et cofondateur de Crosby, Stills and Nash, qui a annoncé en décembre la vente de son catalogue –, la pandémie est la première responsable de telles transactions, privant les artistes de leur principale source de revenus : les concerts.

La principale raison est simplement que nous sommes tous et toutes comme en retraite forcée, et nous ne pouvons rien y faire, a-t-il indiqué à l'Agence France-Presse lors d'une entrevue vidéo depuis son domicile de Californie.

Dylan, Neil Young, Fleetwood Mac : la frénésie des ventes de catalogues musicaux, Radio-Canada

 

Droits à vendre... aux États-Unis

Vous aurez remarqué que cette tendance ne semble affecter que les États-Unis d’Amérique.

Une des raisons, c’est qu’en sol américain, le droit moral associé à une œuvre est moins important qu’au Canada et encore beaucoup moins qu’en France.

Ainsi, des acheteurs américains n’auront pas se soucier d’éventuels recours de la famille d’une autrice ou d’un auteur décédé, ou encore des artistes eux-mêmes, si l’œuvre est utilisée d’une manière qui « porterait atteinte à la réputation de l’auteur ».

De plus, les ventes de catalogues musicaux bénéficient depuis peu d’avantages fiscaux importants rendant les transactions plus alléchantes pour les artistes. Ces avantages n’existent qu’aux États-Unis.

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