La sexualité de Tintin relèverait de la parodie


La sexualité de Tintin relèverait de la parodie

Les héritiers du bédéiste Hergé ont toujours été réputés pour leur fermeté en matière de respect des droits d’auteur pour les célèbres B.D. de Tintin. Malgré cette réputation, ceux-ci ont causé un émoi en mars dernier en poursuivant l’artiste Xavier Marabout pour contrefaçons et atteintes aux droits moraux. L’acte à l’origine de la plainte : des toiles illustrant la vie amoureuse et érotique du personnage d’Hergé. Le tribunal a rendu sa décision le 10 mai 2021.

Depuis 2014, le peintre français Xavier Marabout imagine Tintin, dans les décors de l’artiste Edward Hopper, au bras de jeunes demoiselles. La société Moulinsart, gestionnaire des droits d’auteur d’Hergé au nom des héritiers, n’a pas apprécié. Dès 2015, Marabout recevait un 1er avertissement de Moulinsart.

Au journal Le Figaro, l’artiste raconte avoir communiqué avec les héritiers pour expliquer sa démarche artistique. À ses yeux, il paraît évident que son utilisation de Tintin relève de la parodie et qu’il bénéficie donc d’exceptions permettant une utilisation sans autorisation. Depuis, 24 toiles ont été réalisées.

Moulinsart voit les choses autrement. En 2017, une plainte au tribunal était déposée. La 1ère audience a eu lieu le 8 mars 2021. La société réclame 12 500 euros en dédommagement.

La vie sexuelle de Tintin ne fait pas rire Moulinsart

« Mille millions de mille de sabords ! », a probablement tempêté Moulinsart devant les toiles de Xavier Marabout. Au-delà de l’utilisation sans autorisation du célèbre reporter belge, c’est la sexualisation du personnage qui dérange.

Selon Ouest-France, l’avocate de Moulinsart plaidait : « Hergé, interviewé de nombreuses fois, avait expliqué son choix de ne pas impliquer les femmes dans son œuvre, parce qu'il trouvait qu’elles sont rarement des éléments comiques ».

Ce détournement des intentions d’Hergé est à leurs yeux une enfreinte aux droits moraux de l’auteur.

En quoi sexualiser Tintin est parodique ?

L’orientation sexuelle de Tintin et du Capitaine Haddock fait, depuis toujours, objet de débat. L’absence de femmes dans les multiples aventures de Tintin alimente les discussions. « J’ai tout de suite eu envie de le faire tomber amoureux, d’imaginer une vie sentimentale à ce héros qu’on juge asexué. Et j’ai développé cette histoire dans les toiles de Hopper », a expliqué Marabout au Figaro.

Verdict ?

La chambre civile du tribunal judiciaire de Rennes a reconnu « l’intention humoristique » de Xavier Marabout. « L’effet est constitué par l’incongruité de la situation au regard de la sobriété suivie de la tristesse habituelle des œuvres de Hopper et de l’absence de présence féminine aux côtés de Tintin », selon le tribunal.

Les œuvres de Xavier Marabout respectent donc le droit d’auteur puisqu’elles bénéficient de l’exception à des fins parodiques.

« Tonnerre de Brest » s’est certainement exclamé l’artiste français en recevant la décision de la Cour.