The Night of the Living Dead : erreur de droit d’auteur à l'origine de l'invasion des zombies


30 millions de dollars, c’est la cagnotte qu’aurait pu percevoir le réalisateur Georges Romero et son équipe de production en 1968 pour son succès au box-office : La Nuit des morts-vivants (The Night of the Living Dead).

Une bête erreur d’édition au montage a projeté ce film culte de zombies dans le domaine public. Et qui dit libre de droits d’auteur dit gratuit, et aucun revenu !

Titre modifié, droits d’auteur perdus

Comment ce coûteux faux pas s’est-il produit ? Souhaitant modifier le titre dans le générique, Romero a supprimé par mégarde la mention de droits d’auteur, prérequis obligatoire pour que le film soit protégé par le droit d’auteur américain.

La modification fatale a été constatée trop tard pour faire marche arrière.

Les réalisateurs et réalisatrices peuvent aujourd’hui créer l’esprit tranquille : une telle gaffe n’est plus possible depuis 1976, puisque le législateur américain a retiré cette obligation de la loi.

Le droit d’auteur américain applique maintenant un principe de base en droit d’auteur : une œuvre est protégée dès sa création et sans autres formalités.

Une erreur amplificatrice de succès

Classique instantané, La Nuit des morts-vivants aurait bénéficié d’une diffusion massive même s’il avait été protégé par le droit d’auteur. Mais son inclusion automatique au domaine public représentait une véritable aubaine pour les chaînes de télévision et les salles de cinéma cherchant à combler leurs plages horaires à peu de frais.

C’est toutefois sur un autre volet que cette erreur a eu des impacts inattendus.

Les créatures du film ont bel et bien révolutionné l'archétype du mort-vivant et contaminé la culture populaire. L’absence de droit d’auteur a contribué à populariser ce film culte, mais surtout à créer un nouveau sous-genre au cinéma : le film de zombies.

Des zombies en toute liberté

Romero a redéfini le terme « zombie » en créant un nouveau type de monstre reflétant les angoisses et fléaux de la société moderne.

Avant La Nuit des morts-vivants, plusieurs zombies ont vu le jour au grand écran, mais leur nature était tout autre. Loin du cadavre putréfié et contagieux en quête de chair humaine, le revenant pré-1968 prenait la forme d’un mort (ou parfois même d’un être vivant) contrôlé par un sorcier vaudou.

Les caractéristiques du mort-vivant moderne étant nées du génie créatif de Georges Romero, leur réutilisation aurait pu placer des créatrices et des créateurs à risque de poursuites pour violation de droit d’auteur.

La culture populaire contaminée

L’absence de droits d’auteur a sans doute contribué au déferlement des hordes de zombies dans l’imaginaire collectif.

Si Georges Romero a dû être tétanisé par cet impair juridique, il n’en est pas ressorti zombifié pour autant. Romero et son collègue John Russo ont été les premiers à tirer profit de cette situation inusitée : chacun a réalisé sa propre série de 5 films ! 

Et puis, sans cette erreur technique, aurait-on eu droit au vidéoclip Thriller de Michael Jackson ? À la série de jeux vidéo et de films Resident Evil ? Aux bandes dessinées à succès et à la série télé The Walking Dead ?

Peut-être que oui, peut-être que non. 

La vision et le génie créatif du réalisateur ne seraient-ils pas à la source de ce phénomène monstre ? Après tout, Tolkien a redéfini le genre littéraire fantastique bien que ses romans épiques soient toujours protégés par le droit d’auteur. 

Une télé dans la télé

Portez une attention particulière aux films d’horreur en noir et blanc qui apparaissent sur les petits écrans à même des scènes de films et téléséries contemporaines. 

Vous y reconnaitrez peut-être un zombie de Romero. 

Clin d’œil de la réalisation à leur film favori ou simplement parce que les images sont libres de droits ?