Lise Létourneau — Investie dans l'art


Lise Létourneau — Investie dans l'art

Nouvelle présidente du conseil d’administration de Copibec, artiste visuelle et ancienne présidente du Regroupement des artistes en arts visuels du Québec (RAAV), Lise Létourneau nous parle de son amour pour les défis à relever pour le milieu culturel [propos recueillis lors d’une entrevue].

 

Un parcours inhabituel

D’abord, c’est tout à fait inusité [que je me retrouve à la présidence du conseil d’administration de Copibec] !

C'est quelque chose quand même : la première fois que la présidence n’est pas occupée par une personne issue du milieu littéraire.

Avant, la présidence alternait entre une personne autrice et une de l'édition. Ce qui était logique, puisqu'on parle des 2 associations fondatrices, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) et l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).

Et maintenant, je suis là, une artiste en arts visuels représentant le RAAV. Il faut dire que je connais assez bien Copibec : je siège sur le CA depuis 2008.

 

Entre deux mondes

J'ai eu 2 carrières. Parallèlement à mon implication au niveau culturel, j’ai été copropriétaire et gestionnaire d'une entreprise en informatique.

Disons que j'ai baigné dans le milieu des affaires autant que j'ai baigné dans le milieu culturel. Je suis capable de voir les enjeux des deux côtés.

J'ai siégé sur des CA de conseils régionaux de la culture, par exemple le Conseil de la culture des Laurentides — parce que je viens des hautes Laurentides. J’y suis resté presque 8 ans.

J'ai aussi géré le Conseil des arts textiles du Québec. Le gouvernement ne voulait plus subventionner que la peinture, la sculpture, etc. Pour l’art textile, c’était fichu.

On voulait continuer pour les arts textiles, parce qu’on trouvait qu'on avait développé tout un réseau avec l'étranger. On s'est battu pour continuer d’exister.

Éventuellement, j'ai fermé le Conseil des Arts textiles pour ouvrir le centre d’artistes Diagonale.

On s'est dit, ça passe ou ça casse. C'était la seule manière de continuer, pour avoir un organisme dédié aux arts de la fibre. J’ai été là pendant 6 ans.

Ensuite, je suis arrivée au RAAV.

 

L’entreprise

J'ai co-fondé une entreprise informatique dans les années 2000. C'était juste après l'éclatement de la fameuse bulle.

On avait développé un logiciel de gestion pour les hôtels.

Quand tu essaies de convaincre des gens que tu vas développer un logiciel en gestion hôtelière, eux, ils pensent que c'est simplement de l'informatique. Mais c’est plus complexe que ça.

 

Les affaires et la culture

Le milieu culturel m'a aidé dans le milieu des affaires. Et le milieu des affaires m'a appris comment gérer le milieu culturel aussi, d'une façon beaucoup plus, je dirais peut-être plus pragmatique.

Quoi que je ne me vois pas du tout comme une personne pragmatique.

Un bon entrepreneur, c’est quelqu'un qui a une vision, qui le sent, tu comprends. Qui sent si ça va marcher ou pas. Ça demande de l’intuition donc, et énormément de persévérance.

J’ai réalisé qu’on a un pouvoir dans ce type de rôle-là, qu'on le veuille ou non.

Quand on est sur un conseil d'administration, on a vraiment un pouvoir de changer certaines choses.

 

Pouvoir rire de soi

Pour moi, l'humour, ça a toujours été mon arme ou ma défense disons.

J'aime la simplicité et la joie. Les petites blagues des fois ça fait du bien. Tu sais, pouf ça redescend le stress. Ça m'a beaucoup servi l'humour.

Et pas juste à Copibec, partout. À un moment donné, dédramatiser les choses par un peu l'humour, ça le fait.

 

Syndrome de l’imposteur

À une autre époque, j'avais la peur d’être un imposteur.

Chez Copibec, il y avait bien entendu plusieurs auteurs et éditeurs très attachés à l'orthographe et à la structure. On pouvait passer je ne sais pas combien de temps sur les procès-verbaux à corriger toutes les fautes d'orthographe, placer les virgules, etc.

J'avais peur de faire plein d'erreurs au niveau du langage. J’en perdais mon français ! Je me sentais très intimidée par ces gens-là qui avaient cette rigueur intello, que je n'ai pas.

Moi je suis dans l'instant, je suis dans la passion. Et j’ai appris à m’assumer dans ça.

Mon premier mot de présidente, j'ai demandé à mon chum de l'écrire ! J'ai appelé Louis Philippe, j'ai dit : « Es-tu capable de me faire une petite phrase pour dire que je suis contente d'être présidente ? »

 

Un avenir tourné vers les utilisatrices et utilisateurs

Je suis heureuse d’être là à ce moment-ci de l’histoire de Copibec.

La direction actuelle est très orientée sur les utilisateurs.

Je pense que le meilleur est devant nous, malgré l'espèce de gros nuage noir de la révision de la Loi sur le droit d'auteur qui ne débouche pas.