
Le mois dernier, plusieurs écrivaines et écrivains québécois découvraient que leurs œuvres avaient été piratées, puis utilisées par Meta afin d’entraîner son intelligence artificielle. Cette nouvelle a créé une onde de choc dans le milieu littéraire, à juste titre. La plupart d’entre nous peinons à vivre des droits d’auteurs, c’est d’autant plus révoltant d’apprendre que ces livres sur lesquels nous avons travaillé durement ont été exploités sans notre consentement.
Dans mon cas, ce sont dix-huit de mes publications qui ont servi à alimenter l’IA de Meta. Dix-huit ! Il y a fort à parier que vos livres favoris s’y trouvent aussi, qu’il s’agisse d’œuvres étrangères ou d’ici.
Une demande d’action collective visant à défendre notre propriété intellectuelle a donc été déposée le 21 mars 2025 par l’écrivaine Anne Robillard[1]. Après consultations avec Copibec et l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) s’est mobilisée pour informer ses membres et les inviter à documenter le pillage. Mais force est d’admettre que le mal est fait et qu’aucune compensation financière ne pourrait désapprendre à ces modèles de langage à plagier les artistes qui l’ont entrainée à leur insu…
En cette Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, il importe plus que jamais de se questionner sur notre utilisation collective et individuelle de l’intelligence artificielle. Respecte-t-elle la propriété intellectuelle ? Si la pratique est légale, est-elle forcément éthique et morale ? N’entre-t-elle pas en contradiction avec nos préoccupations environnementales ? Que vous œuvriez en éducation, en culture ou dans tout autre domaine connexe, tâchez de garder en tête cette citation du célèbre romancier Robert Louis Stevenson :
« L'important, ce n'est pas la destination, c'est le voyage. »
Rappelez-vous que la démarche créative est indissociable des œuvres produites par l’originalité et l’intelligence humaine. C’est précisément ce qui leur donne de la valeur; les expériences et les réflexions qui ont fait germer l’idée initiale, puis la sensibilité et le travail acharné qui ont mené au résultat final.
Ainsi, quelle que soit notre position sur l’utilisation de l’intelligence artificielle générative (IAG), les avancées technologiques ne devraient en aucun cas se faire au détriment des artistes ni au détriment de l’environnement. Tant que le gouvernement ne statuera pas sur un cadre législatif pour encadrer l’IAG adéquatement, la bête continuera de mordre la main qui la nourrit.
Chloé Varin
Autrice
www.chloevarin.com
[1] « Cette demande vise à représenter « toute personne au Canada titulaire du droit d’auteur sur une œuvre littéraire ou dramatique que la défenderesse Meta Platforms, Inc. a reproduite sans autorisation dans le cadre du développement ou de la formation de grands modèles de langage. »
https://bit.ly/3DOcpUV