
Il s’agirait de la prochaine évolution logique d’Internet.
L'idée du Web3 fait des vagues dans le monde de l’innovation et des technologies de pointe depuis 2014. Le développement du monde de la blockchain (chaîne de blocs) le propulse aujourd’hui sur la place publique.
Mais qu’est-ce au juste que ce concept du Web3 ?
Pour bien comprendre
La première version d’Internet — le Web1.0 — était une version statique : on ne pouvait que consulter des pages mises en ligne par des développeurs calés en informatique.
Le Web2.0 est la version que nous connaissons aujourd'hui, où les utilisatrices et utilisateurs disposent de plateformes de communication tierces — les médias sociaux, comme Facebook, Instagram ou Reddit — pour échanger et créer leur propre contenu.
Le web social a transformé les comportements sociaux, avec une majorité de personnes qui interagissent maintenant en temps réel sur ces plateformes extrêmement populaires.
L’état des lieux du Web2
Le hic avec le web social, c’est qu’il se déroule sur des plateformes intermédiaires. Lorsqu’on y publie du contenu original, comme une œuvre d’art, un mème ou un article de journal, les tiers peuvent en republier le contenu selon leurs conditions d'utilisation.
Ces intermédiaires peuvent également se prendre une cote lors de la vente de contenu, ou encore censurer du contenu avec lequel ils ne seraient pas d’accord. Ils peuvent même décider qui le verra ou non selon des algorithmes de plus en plus complexes.
Les plateformes en question sont devenus d’immenses entreprises détenant un pouvoir inégalé. Google possède une fortune astronomique (793,268 milliards $ au 20 janvier 2018) et un pouvoir d’influence important sur les décideurs élus du monde entier. Il en est de même pour Meta (anciennement Facebook), Microsoft et Apple.
Moins de confiance, plus de vérité
Inquiets que la sécurité de leurs données personnelles repose sur la confiance qu’ils ont en Meta, Microsoft, Google ou Apple, des analystes informatiques ont questionné la nécessité qu’Internet repose dans les mains de gigantesques entreprises opaques.
Leur argument est fort simple : rien ne peut confirmer que les données personnelles des utilisatrices et des utilisateurs ne sont pas partagées avec des tiers. Même si Meta affiche une politique de confidentialité, il n’y a aucune preuve tangible que cette politique est respectée.
Ces analystes préféreraient que le web ne repose plus sur la confiance des usagères et des usagers, mais plutôt sur les faits.
Pour se réapproprier Internet, ils ont lancé une idée toute neuve : le Web3.
Concrètement, ce serait quoi le Web3 ?
Le Web3 se base sur la technologie de la chaîne de blocs pour assurer que toutes les actions posées sur Internet soient « vraies ». On souhaite ainsi que chaque transaction, chaque décision soit vérifiée par l’infrastructure de la chaîne de blocs.
Grâce à la chaîne de blocs, les usagères et usagers pourraient intervenir directement sur l’environnement et prendre des décisions de manière démocratique. Le Web3 permettrait une forme d’autorégulation des comportements numériques.
Cette structure pourrait, théoriquement, décentraliser l’Internet au complet, loin des grandes entreprises et des plateformes du web social. On rêve ici de se libérer d’une censure démesurée et d'une limitation des revenus que peuvent générer les créatrices et créateurs avec leurs œuvres.
Le Web3 permettrait aussi un meilleur contrôle des données personnelles par les usagères et les usagers. Au lieu de les confier à des tiers, ces derniers pourraient détenir leur propre identité numérique imbriquée dans la chaîne de blocs et savoir à tout moment qui y accède et pour quelles raisons.
- Lire aussi : Comprendre la blockchain (chaîne de blocs)
Web3 et droit d’auteur
Il est difficile pour l’instant d’imaginer quel serait l’impact du Web3 sur le droit d’auteur.
Un peu comme la technologie de la chaîne de blocs, le Web3 devrait permettre aux autrices, auteurs et artistes de prendre le contrôle de leurs relations contractuelles grâce aux contrats intelligents, des contrats exécutés automatiquement grâce à un code informatique sous-jacent.
En réduisant les intermédiaires, le Web3 devrait aussi mettre plus d’argent dans les poches des autrices, auteurs et artistes.
Bémols
La contrefaçon serait-elle plus facile, augmentant le risque pour les artistes et autres titulaires de droits ?
L’absence d’intermédiaires sur le Web3 va-t-elle rendre plus difficile la diffusion de contenu aux usagères et usagers d’Internet ?
Tant que le Web3 ne sera pas concret, nous ne pouvons qu’imaginer ces conséquences.
- Lire aussi : Métavers et droit
Une vision incomplète
Le Web3 demeure un concept optimiste qui n’a pas été mis à l’épreuve. À ce jour, vous ne pouvez pas naviguer cette structure hypothétique.
Diverses étapes sont nécessaires pour parvenir à un Web3 fonctionnel. Par exemple, il faudrait davantage d’utilisatrices et utilisateurs d’une seule et même chaîne de blocs pour que puisse fonctionner une itération du Web3.
Plusieurs lient le concept du Web3 au Métavers. Ces 2 idées sont différentes mais pourraient se rejoindre dans un seul et même projet.
- Lire aussi : Le Métavers, vous connaissez ?
Les limites du Web3
Sur papier, l’idée de décentraliser et démocratiser Internet peut paraître alléchante, mais ne tient pas la route encore.
D’abord, les coûts liés à l’accès à la chaîne de blocs, comme Ethereum, sont extrêmement élevés. Il s’agit d’une barrière à laquelle le Web2.0 n’est pas exposé.
Ensuite, des études démontrent que les initiatives pour lancer un Web3 sont déjà très peu décentralisées. Le pouvoir décisionnel finit par se concentrer dans les mains des individus ayant entamé les projets, et l’aspect démocratique prend rapidement un rôle secondaire, voire tertiaire (oh le jeu de mots !).
Finalement, pour exercer ses droits sur le Web3, une connaissance assez poussée de la programmation informatique est nécessaire.
Tout ça, sans compter les difficultés techniques qui émanent des multiples mises à jour requises pour utiliser des plateformes logicielles basées sur la blockchain, ou encore l’absence de régulation visant à encadrer le Web3.