Intelligence artificielle et création


Intelligence artificielle et création

L'intelligence artificielle (IA) se développe rapidement et réalise des tâches de plus en plus complexes.

Une des questions que l’IA soulève : peut-elle créer ? 

Cet article s’inscrit dans une série sur l'intelligence artificielle et ses applications pour le droit d'auteur et la propriété intellectuelle (PI).

 

L’intelligence artificielle peut-elle créer des œuvres ?

À partir de 2014, certaines IA sont parvenues à créer des œuvres visuelles originales. Pour ce faire, les programmeurs nourrissaient leurs IA d’œuvres existantes pour qu’elles puissent « comprendre » comment réaliser une œuvre.

Depuis, des œuvres de toutes sortes furent réalisées avec l’aide d’IA. En 2018, le Portrait d'Edmond de Belamy fut généré par un collectif de créateurs avec l’IA Obvious. Cette œuvre fut vendue chez Christie’s pour 432 500 dollars américains.

En 2019, un programmeur est parvenu à créer une application, Endel, capable de générer des centaines de chansons… en un seul clic. Cette application a désormais un contrat de disques avec Warner Bros Music !

Bref, il ne fait plus de doute que les IA sont désormais en mesure de créer des œuvres.

 

Comment les IA parviennent-elles à créer ?

La formation de l’IA se base sur un processus appelé « apprentissage profond » : en comparant une immense masse de données et en identifiant des motifs de répétitions, elle parvient à imaginer de nouvelles créations issues des mêmes informations.

Ainsi, c’est le programmeur qui décide comment l’IA va analyser les données, comment elle va « apprendre ».

Les IA sont incapables de recréer les processus de réflexion et les tâches cognitives complexes effectués par des humains. Elles créent par comparaison et par génération automatique.

 

L’IA est-elle une autrice ?

Si l’IA peut créer une œuvre… alors peut-elle être vue comme l’autrice de cette œuvre ?

Cette question donne beaucoup de fil à retordre aux juristes, philosophes et même aux programmeurs des IA.

D’abord, la Loi sur le droit d'auteur ne définit pas ce qu’est un « auteur ». Néanmoins, plusieurs indices dans la Loi suggèrent que seule une personne humaine puisse bénéficier de la protection du droit d’auteur.

La jurisprudence indique aussi que l’auteur doit être une personne physique. 

Aujourd’hui, il semble y avoir un consensus dans le monde juridique autour du fait que l’IA ne peut pas être vue comme une autrice. Ce sont plutôt les programmeurs ou les utilisateurs qui peuvent être considérés comme auteurs.

 

Les vrais auteurs : le programmeur et l’utilisateur

Pour être originale, une œuvre doit faire état du talent et du jugement de son autrice ou son auteur.

Or, l’IA ne fait que suivre les instructions de son programmeur. L’IA utilise aussi des données fournies par son utilisatrice ou son utilisateur.

Ce sont donc les programmeurs, les utilisatrices et les utilisateurs qui font preuve d’originalité, qui expriment leur talent et leur jugement. Ce sont eux qui ont souhaité créer une œuvre, qui ont choisi les données pertinentes à sa création et qui ont codé l’IA pour qu’elle crée.

 

Coquille vide

Même au sens philosophique, on ne peut donner le titre d’auteur à l’IA. En effet, les IA n’ont pas de liberté de création et n'emploie pas de jugement. 

L’IA n’a pas de conscience.

Elle est dénuée « d’élan » de création, d’expression, d’inspiration ou d’intention de créer.

 

IA outil de création

De plus en plus d’artistes explorent les possibilités que leur offrent les intelligences artificielles.

À son stade de développement actuel, l’IA n’est qu’un outil sophistiqué pour arriver à la création. L’IA est utilisée pour pousser la création d’une personne autrice ou d’un artiste plus loin.

Ainsi, les créations conçues avec l’aide de l’IA peuvent être protégées par le droit d’auteur.

Ce sont les programmeurs, les utilisatrices et les utilisateurs qui bénéficient du droit d’auteur sur l’œuvre créée par l’IA.

 

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